La Libération de Paris photographiée par René Zuber
Un témoignage photographique historique exclusif et largement inédit
25 mars 2024
Nous vous présentons en exclusivité une sélection de 160 photographies prises sur le vif, presque toutes inédites, dans différents quartiers de Paris – notamment à Saint-Germain-des-Prés, autour de l’Hôtel de Ville et à la Place de la Concorde – mais aussi dans les 15e et 17e arrondissements. La force exceptionnelle de ce témoignage réside dans la proximité du photographe avec tous les événements de la Libération de Paris.
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René Zuber, né dans le Doubs en 1902, après des études et un diplôme d’ingénieur à l’École Centrale des Arts et Manufactures à Paris, aurait pu intégrer la manufacture familiale alsacienne, renommée depuis le 18e s. pour ses papiers peints et tissus, mais il préfère se lancer dans le métier de l’édition ; et c’est au cours de ses études à l’Académie des Arts graphiques et Métiers du livre de Leipzig en Allemagne qu’il fait la découverte de la photographie de la Nouvelle objectivité, décide alors de se lancer dans la photographie et crée une agence de photo publicitaire à son retour à Paris en 1929.
Après la création du Studio Zuber en 1932 auquel collaboreront Pierre Boucher et Denise Bellon entre autres, il cofonde l’agence photographique Alliance Photo avec Maria Eisner et Pierre Boucher en 1934. Ses reportages sont alors largement diffusés dans la presse française et internationale, notamment Vu, Regards et Match.
Engagé politiquement, membre de l’Association des écrivains et artistes révolutionnaires (AEAR) depuis 1932, René Zuber crée, en parallèle à l’Alliance Photo, une société de productions, Les Films du Compas avec Roger Leenhardt en 1934, spécialisée dans le film documentaire.
C’est donc en tant que photographe documentaire avisé que René Zuber a vécu la Libération de Paris au fil de ces journées héroïques du 19 au 25 août 1944, immergé dans l’action, les yeux fixant les évènements à travers la visée haute de son Rolleiflex.
On ressent le danger imminent, dans les photos où l’on voit des gens courir; des convois sanitaires passer ou arriver à toute allure; la fumée des canons des chars d’assaut. Les regards attentifs d’hommes armés protégés derrière les barricades; des hommes faisant le guet pendant que d’autres déchargent un chariot; un petit groupe de personnes se penchant avec précaution d’une porte cochère pour observer ce qui se passe dans la rue – toutes ces scènes transmettent l’urgence, l’incertitude, l’inquiétude.
À d’autres moments, on assiste à des corps-à-corps avec l’ennemi, comme quand des Allemands capturés, l’effroi ou encore l’arrogance sur leurs visages, sont amenés dans la cour de l’Hôtel de Ville. Par ailleurs, une série de photos montre avec une implacable justesse une femme tondue livrée à la vindicte populaire : En pleurs et pieds nus, cette femme, entourée d’hommes, de femmes et d’enfants, est trainée dans la rue dans une sorte de marche triomphale par la foule victorieuse ivre de joie et de certitude, celle d’être du bon côté de l’Histoire.
Il y a une héroïne aussi, une infirmière que l’on voit soigner un Allemand blessé sur trois photos et qui a pu être identifiée : Il s’agit d’Anne Marie Dalmaso, dite Anita, née en décembre 1922 à Rovereto en Italie et arrivée à Paris en 1939 qui faisait partie des Équipes nationales de jeunes secouristes. Arrêtée pour faits de résistance, Anita fut emprisonnée seize mois puis relâchée. Elle figurait parmi les combattants assurant la défense de l’Hôtel de Ville en août 1944. Dans un film tourné sur le vif, on la voit récupérer l’arme d’un soldat allemand abattu par les FFI. Après la guerre, s’étant fait porter volontaire pour rapatrier des déportés atteint du typhus dans les camps allemands, elle a contracté la tuberculose et meurt de sa maladie le 27 avril 1950.
Les photos de l’arrivée de la 2e Division blindée du Général Leclerc et des chars américains dans Paris montrent la liesse des Parisiens, la ferveur pour les soldats héros qui sont applaudis, salués, embrassés. En regardant ces photos, on est saisi par cette communion heureuse entre militaires et civils, la détente après les affres de la guerre et de l’Occupation.
Mais ce sont certainement les photos des rassemblements de masse autour de l’Hôtel de Ville et à la Place de la Concorde lors du défilé du Général de Gaulle le 26 août 1944 qui marquent le point culminant de la Libération : Une union nationale et internationale que l’on n’aura pas vue ni avant ni après en France.
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Texte et documentation des photos : Ulrike Haussen
akg-images Paris